La péninsule de la Guajira est
située à la pointe septentrionale de l'Amérique du sud. C'est une zone désertique unique
en Colombie où les couleurs d'ocre et de turquoise rivalisent avec celles de
Carthagène.
C'est une zone peu accessible qui
exige de longs trajets en 4x4 par des pistes cahotiques ou embourbées. C'est encore une zone de
non-droit frontalière avec le Venezuela et propice à des trafics trop juteux,
très dangereuse dès qu'on entre dans le "désert" où des pistes
improvisées exportent la drogue vers les States.
Le non-droit concerne aussi les sites touristiques ou l'Etat ne vient prélever aucune taxe ni aucun impôt, mais ne fournit ni électricité ni eau courante évidemment.
Mais c'est aussi le lieu de vie
de la tribu indienne des wayuus, qui représentent environ 45% de la population.
Punta Gallinas, l'extrême nord de l'Amérique du sud
Je me suis baigné dans une eau
jaune, sous la dune géante de sable fin que l'on dévale en courant pour se
jeter dans les rouleaux monstrueux qui s'exaspèrent sous un vent rugissant.
Le vent rugissant vous encroûte
de sable depuis les cheveux jusqu'aux ongles des orteils, mais les rouleaux
monstrueux vous lessivent en un tour de main et en un tourneboulis frénétique
parmi les bulles. Non, il n'y a aucun danger, les rouleaux vous ramènent
toujours sur la plage. Le seul danger est de perdre son short car la violence
des vagues est pernicieuse. Je l'ai toujours rattrapé à temps car il est jaune
mais plus vif que l'eau et je ne passais pas inaperçu, c'est rassurant pour les
sauveteurs et il ne servait à rien de le perdre puisque je n'étais pas dans le
parc de Carthagène.
Je dis ça par pure forfanterie.
Si vous voulez me croire, je suis au milieu de la photo
Les coeurs de cactus qui servent aux indigènes pour bâtir les maisons et les palissades
Un exemple d'utilisation dans un hébergement touristique
Pendant que je batifole ainsi, les enfants des indiens dressent sur la piste de dérisoires barrages d'une seule corde pour arrêter les voitures et tenter de leur vendre les fruits des cactus dont les cœurs, liés entre eux en palissades, constituent les murs et le toit de leurs cahutes. Malheureusement le chauffeur du 4x4 klaxonne comme un furieux pour que s'abaisse le barrage sans qu'il ait à freiner dans sa course folle, et passe en trombe devant les gamins dépités.
Entre mon insouciance et leur abandon, le monde a basculé.
Cela qui désole les passagers
n'est rien à côté des mœurs de ces tribus hors du commun dont certains de leurs
propres enfants sont leurs propres esclaves, sous prétexte qu'ils sont
déficients (à cause de la consanguinité, de la malnutrition et de
l'alcoolisme).
La Guajira serait la région de
Colombie la plus arriérée où sévit une malnutrition endémique, aggravée par la
pénurie d’eau, sur laquelle Bogota ferme les yeux. Par une rencontre
inattendue, nous avons touché du doigt le calvaire de ces enfants défavorisés
dont la vie n'a aucune valeur aux yeux de leurs parents.
Dans le restaurant qu’ils
venaient d’ouvrir pour soutenir leur fondation, nommée Juya qui signifie
« pluie » en langue wayuu et évoque ainsi ce qu’il y a de plus
précieux dans le désert de la Guajira, deux jeunes français de 28 ans se
dévouent contre vents et marées pour la cause de ces enfants. Contre
vents et marées signifie qu’ils se heurtent à l'ignorance, mais surtout à l’hostilité violente des
trafiquants autant qu’aux intérêts des communautés qui campent sur
leur sectarisme et leur xénophobie aggravée par l'immigration vénézuélienne. Leurs premiers bâtiments ont ainsi été
détruits et les intimidations sont allées jusqu’à leur séquestration et la mise
en danger de leurs vies de façon très précise. Ils poursuivent cependant leur
action avec à la fois une inquiétude permanente et un détachement réfléchi.
Lors de notre passage, ils venaient de recueillir un enfant d’une dizaine
d’année, inapte à la parole, qui lapait accroupi une flaque saumâtre dans le
désert. L’un d’entre eux, plus prolixe, polyglotte et détenteur de plusieurs
nationalités, a suivi des études de sciences politiques, de casuistique et de linguistique
à Paris. Il nous a semblé très énigmatique sur ses origines et a exacerbé notre
curiosité. Nous avons compris que cette discrétion, que nous respectons ici, reste indispensable à leur sécurité, pourtant mal
assurée à nos yeux…
L’adresse du site de leur
fondation est : www.soyjuya.org
La pêche et les loisirs à Cabo de la Vela
Ce côté sombre de la Colombie que
j'évoquais dans mon précédent message est le pire de tous, et il faut
avoir
l'espoir chevillé au cœur pour espérer que le développement du tourisme
permettra d'élever le niveau de vie de la population avant celui des
tours-opérateurs : le spot de Cabo de la Vela est en effet un
incontournable du kitesurf colombien et s'y retrouvent tous les
acrobates des sports aquatiques.
Oui, j'ai quitté un instant mon
insouciance, une fois n'est pas coutume.
Ah ! Quentin, tu es toujours aussi bon !
RépondreSupprimerOn reconnaît l'habitué de ce merveilleux sport.
Bravo !
Cathy