dimanche 29 mars 2020

25 - Diversité et diversion



A Capurgana, nous apprenons que les passagers qui traversent le golfe d'est en ouest sans retour sont... des migrants !




Or, ils ne ressemblent pas à des vénézuéliens exilés par millions.
Ils ne ressemblent pas non plus au profil que nous avons malheureusement en mémoire, ni syriens, ni afghans, ni las, ni déguenillés, sans le regard fiévreux qui allie fatalisme et espoir.
La perte de l'insouciance semble épargner les migrants de Capurgana.






 Le catamaran est le meilleur bateau pour traverser le golfe.
Nous avons eu la chance d'en bénéficier.

Qui sont-ils, ceux-là qui arrivent par la ligne régulière, noirs de peau, vifs et sains, souriants, hispanophones selon notre ouïe, parents d'enfants joueurs, affublés de bagages ?
Ils sont une énigme.

 Tous les bagages arrivent ensachés, témoignant des traversées "sous karcher"

 


Quentin nous dit qu'ils ont franchi l'océan, qu'ils fuient l'Afrique !
Ils auraient vécu au Brésil avant de reprendre leurs baluchons, de quitter le pays de Bolsonaro, de traverser en vitesse celui de Maduro, pour flemmarder en Colombie.
La Colombie, un pays qui s'en lave les mains assuré qu'ils ont en ligne de mire le nord des Amériques, tolère leur passage car ce n'est qu'un passage.

Les lanchas de Sapzurro

Les émigrés africains ont tous en tête une autre escale, le Panama.
Ils auront le choix entre les pirogues, à la merci des gardes-côtes panaméens, et les sentiers de la jungle où l'homme est plus dangereux que toute la faune réunie.

 Le sentier entre Kachikine et Capurgana

Et nous, nous parlons aussi de nos escales, de nos incertitudes, de nos impatiences, et de notre quête du Graal qui, vous le savez aussi bien que moi, commence à Brocéliande, à deux ou trois pas des tours de Moncontour, sous lesquelles j'ai vu le jour.
Pour faire simple, en ces temps de pandémie, nous rêvons tous de Bretagne.
J'en déduis qu'en sautant quelques générations, tout en courant le monde, le prince de Kachikine est un chevalier de la table ronde.
J'imagine qu'il me faudrait vous expliquer ce type de raisonnement, mais c'est tintin, j'en dis seulement le sens : c'est une diversion.
Je peux vous égarer, être fantaisiste, prétentieux, et ectoplasmique, la vérité, la vérité, je vous le dis, est que je n'ai pas de soucis.



Comme le fait remarquer Jean-Baptiste,
la carte colombienne est très fantaisiste, elle aussi.




Crédit photographique pour cette page (ce n'est pas la seule) : Marie-Hélène et Yvon.

PS : Sur le panneau qui vous accueille au débarcadère, vous pouvez lire PTN.

 PTN pour " Points Transitoires de Normalisation ",
c'est à dire 7 des 26 Zones Transitoires de Normalisation,
qui accueillaient la " dernière marche " des guérilleros
lors du " processus de démobilisation et désarmement de la guérilla des FARC ".

Si vous identifiez d'autres auto-collants politiques, prenez la parole.

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