jeudi 26 mars 2020

22 - Scénario pour une star


Elle trônait derrière son étal de bimbeloterie devant l'embarcadère de Sapzurro.
Et moi, je passais par là et je portais mes lunettes.
Ces circonstances qui sont une conjonction d'étoiles, quand on mélange dans un shaker toutes ces notions concrètes, Madame et sa bimbeloterie, en mars sur le quai déserté pendant la pandémie, après la tempête qui brise les lanchas, à Sapzurro et non au Panama, devant moi affublé de lunettes,... quand on les mélange on obtient une abstraction.
Je veux dire que cela n'aura plus jamais lieu dans l'histoire de l'humanité qui pourtant se répète, on nous le dit.
Donc c'était l'occasion ou jamais.




Grâce aux lunettes, je savais qu'elle avait à la fois les cheveux courts et une très longue et fine natte, le tout plus gris que noir.



Et grâce au "Hello", je savais qu'elle conversait en anglais aussi bien que moi.
Hi, I'm a french guy, I come for you from the other side of the ocean, though I'm sixty eight.
Ni une, ni deux : " I'm seventy two !".
Oh ! que je dis avec l'accent de Soho (ni de Piccadilly, ni de la City, faut pas exagérer).
Oh ! So pretty woman !
Euh... pour moi, Soho, c'est peut-être entre Traon Erc'h et la Grande Grève, pas plus d'un kilomètre de ma maison, covid oblige.
Bref, pour faire bonne mesure et respecter les traditions : I love you !
Elle a ri évidemment, en colombien évidemment.
Marie-Hélène, tu peux en témoigner !









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