samedi 21 mars 2020

17 - Vingt-huit mois plus tard

Nous rentrons de Colombie après un second séjour raccourci par la pandémie liée au covid-19. Ce premier article décrit les difficultés du rapatriement qu'ont connues tous les voyageurs français.

Nous voilà bien calfeutrés et surtout bien soulagés chez nous !
Cela tient du miracle et il s'en est fallu d'un cheveu.
Toutes les étapes depuis Capurgana se sont jouées et gagnées à quelques heures près, dans une incertitude qui aurait pu être délétère si nous en avions eu conscience.
Nous étions heureusement plutôt optimistes (ou inconscients) et nos palpitations, pour anxiogènes qu'elles aient pu être, ne nous ont jamais abattus !


Première étape : la lancha (pirogue) de Katchikiné à Capurgana.
La tempête qui a sévi pendant tout notre séjour avait fissuré la lancha de Quentin : Gilbert, Marie-Hélène, Yvon et Domitille avaient terminée leur traversée épique grâce à un ami de Quentin, gardant un souvenir mouvementé de leur arrivée à l'embarcadère. Les rugissements des déferlantes qui nous berçaient toutes les nuits n'auguraient rien de bon pour cette première étape.
Eh bien, non seulement elle a pu avoir lieu, mais nous sommes arrivés presque secs à Capurgana !




Deuxième étape : la traversée du golfe d'Uraba de Capugana à Necocli en deux heures. Dans ce bateau, plus grand et puissant (4 fois 300 chevaux), ce n'est pas le naufrage que nous craignions, ni d'être aspergés au karcher, mais c'était déjà le confinement. Sabzuro, plus proche voisine de Capurgana était alors interdite d'accès, et le golfe lui-même devait être "fermé" incessamment. Dans cette région, en effet, on peut "fermer" un golfe, que ce soit pour tempête, rétorsion mafieuse ou pandémie.
Eh bien, le golfe a effectivement été fermé... dans notre dos : nous étions passés !
Maintenant Quentin est confiné dans son coin de paradis, inaccessible par mer comme il l'est toujours par route (qui n'existe pas).

Troisième étape : de Necocli à Monteria par tut-tuk puis minibus puis taxi en deux-trois heures.
Eh bien, tout s'est enchaîné sans anicroche malgré nos paquetages monstrueux (à mes yeux à moi, bien sûr).

Quatrième étape : de l'aéroport de Monteria à celui de Bogotá.
Passerions-nous les contrôles sanitaires et les prises de température frontale, alors que Marie-Céleste, après Alice, combattait, depuis 4 jours, ses 39° de fièvre avec des doses massives et répétées de paracétamol ?
Aurions-nous des billets si les vols étaient pris d'assaut avant le confinement annoncé ?
Eh bien, oui, nous voilà à Bogotá !


Cinquième étape : modifier nos vols pour l'Europe.
Il faut savoir qu'il ne nous a jamais été possible de nous "rapprocher" de l'ambassade de France comme il était conseillé (aucun contact possible avec cette administration muette, aux abonnés absents), ni d'accéder à nos comptes Air-France complétement bloqués. C'est de France, grâce au fils de Gilbert, que nous avions obtenu des billets pour rapprocher nos départs, à un prix acceptable (retour simple au prix d'un AR), alors qu'ils flambaient officiellement à 4000 €.
Il faut encore savoir que Domitille, Marie-Céleste et Alice (5 ans), qui entraient avant nous en principe, avaient été éjectées sans leur accord de leurs vols, réservés depuis octobre, pour être transférées sur une autre compagnie (Avianca) et une autre destination (Madrid), sans correspondance prévue entre Madrid et Paris et sans bagages, alors que leur vol Bogotá - Paris était bien maintenu à la date initiale. Nous avons appris avec stupeur (non ! presque sans surprise...) que des passagers en liste d'attente les avaient remplacées sur Bogotá - Paris. Elles se sont retrouvées à Madrid ! 
A peine arrivés à Bogotá, nous avons pu nous mettre sur liste d'attente car nous avons vite compris que nos nouveaux billets n'étaient pas sûrs d'être honorés. En aiguisant mon regard de myope, j'ai pu lire, car c'était alors confidentiel (!),  que nous étions les 65, 66, 67, 68 et 69ièmes passagers sur cette liste. Avant la clôture incessante de l'aéroport, sur trois-quatre jours il y avait environ deux vols pour Amsterdam et trois vols pour Paris qui pouvaient peut-être nous accueillir. Chaque vol, complet bien sûr, acceptait quelques passagers en liste d'attente, car les possesseurs en titre de ces places échouaient ou renonçaient à rejoindre Bogotá.
L'attente a commencé, nuits à l'hôtel et journées entières à l'aéroport à guetter les appels, par petites tranches (pourquoi ?) des heureux élus, une fois tous les passagers titulaires enregistrés.
Eh bien, pour nous, ce fut positif au troisième jour sur un vol Bogotá - Amsterdam ! 


Sixième étape d'Amsterdam à Paris sur KLM :
Nos correspondances étaient prévues, mais seraient-elles honorées ? Les rumeurs les plus noires circulaient : vols annulés, aéroports et frontières fermés, confinements à tout va...
Eh bien, le programme a été respecté !

Septième étape de Paris à Brest :
Ce fut presque la pire, car nous avons à nouveau été mis sur liste d'attente après que nos billets ont été "reconstitués" au bureau des ventes, car soi-disant KLM les avait détruits par erreur. 90 minutes de reconstitution laborieuse...
Ensuite, la liste d'attente est une énigme pire qu'à Bogotá : c'est l'informatique qui la gère, sans que le personnel ne puisse la consulter, et qui communique les noms choisis sur des critères abscons qui n'ont rien à voir avec la date d'inscription (on tombe des nues !).
Le vol qui pouvait nous recevoir était le dernier avant la fermeture de l'aéroport, sachant qu'il n'y avait plus de trains à Montparnasse, plus de voitures de location et pas même de vélos !
Après l'enregistrement, après avoir compté un par un les passagers qui accédaient à l'avion, nous nous sommes approchés un peu tendus.
Eh bien, il y avait trop de places dans l'avion, des sièges sont restés vides !!!
Nous avons débarqué à Brest !

Huitième étape en voiture de Brest à St-Pol et Roscoff :
Les rumeurs nous menaçaient là de contrôles routiers, ça n'était pas pour nous faire peur, nous en avions vu d'autres.
Aucun contrôle, nos maisons nous ont accueillis !

Nous sommes des "petits vernis". De quoi se plaindre, c'était une partie de plaisir !
Nous avons amputé notre périple, mais nous avons côtoyé Quentin presque autant que prévu. Alice a fait la connaissance de son oncle, Marie-Céleste a revu son frère après 5 ans d'absence, nous avons rencontré Andrea sa compagne, tout cela avec une joie immense.

2 commentaires:

  1. Eh, bien, quelle épopée ! En ce retour éprouvant, vos couleurs caraïbiennesse se sont estompées ... Heureusement, il vous tous ces souvenirs !

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  2. Il vous restent tous les souvenirs !

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